OVH : l’hébergeur internet pourrait bien se lancer dans l’éolien !

OVH : l'hébergeur internet pourrait bien se lancer dans l'éolien !Après avoir développé une technologie éolienne en partenariat avec la société DDIS** durant 3 ans, l’hébergeur français de serveur internet, OVH, s’apprête à activer cet été son propre parc éolien en Lorraine, afin de devenir un producteur d’énergie renouvelable.


Récit d’un projet sans précédent pour l’entreprise avec son PDG, Henryk Klaba.

En 2004 déjà, OVH avait mis au point le watercooling, procédé de refroidissement liquide des serveurs. En associant le watercooling au concept d’aircooling l’hébergeur a pu atteindre un PUE (Power Usage Effectiveness) de 1,1. Réduire sa consommation d’énergie, et après ?

Pour aller encore plus loin, OVH s’est lancé le défi dès 2010 de devenir producteur d’énergie verte. Le contexte économique actuel, toujours incertain, est également une motivation pour l’hébergeur : « Le prix de l’électricité ne cesse de grimper et, puisque c’est notre matière première, nous avons pensé qu’il serait raisonnable de devenir nous-mêmes producteurs d’au moins une partie de l’énergie que nous consommons », explique Henryk Klaba. Après avoir mené des tests peu concluants sur des panneaux photovoltaïques, l’entreprise nordiste s’est tournée vers la force éolienne.

Développer une nouvelle génération d’éoliennes

OVH s’est donc associée avec DDIS, une société d’ingénierie électrotechnique, afin de développer un modèle d’aérogénérateur inédit. Henryk précise : « Nous avons mis au point un modèle breveté d’alternateur** nous permettant d’éliminer le multiplicateur – un système de roues dentées qui accélère la vitesse de rotation de l’alternateur. Nous pouvons ainsi économiser 150 000 € sur la conception d’une éolienne. » Cette nouvelle génération d’aérogénérateurs offre une puissance de 800 kW par unité de production. Plus petits et compacts que la moyenne, ces engins ont été pensés pour fonctionner avec moins de vent. Ils seront donc plus rentables car, lorsque la brise souffle à moins de 15 km/h, une éolienne ne tourne généralement pas.

La mise au point du modèle développé par OVH et DDIS aura nécessité un an et demi de R&D. « Nous avons installé un prototype à côté de Valenciennes (Nord) en janvier 2011, et mené des expérimentations sur la transformation du courant électrique produit par l’alternateur, continue Henryk. Aujourd’hui, notre prototype est au point et il ne s’agit plus désormais que de tester sa fiabilitéà long terme. La production d’énergie électrique à grande échelle va être testée sur un pôle expérimental de huit éoliennes à Ortoncourt (Lorraine). »

Dans l’est de la France, une première éolienne est déjà opérationnelle : branchée sur le réseau EDF, elle livre un courant électrique limité pour le moment à 500 kW. Trois autres aérogénérateurs seront raccordés d’ici quelques jours tandis que les quatre derniers le seront pour mi-juillet. La production des huit éoliennes devrait avoisiner les 6,5 MW, soit une disponibilitéélectrique continue d’environ 2 MW. Cela couvre notamment les besoins en énergie du centre de données strasbourgeois de l’hébergeur, situéà une centaine de kilomètres de là. «Bien sûr, l’énergie produite par ce champ éolien ne sera pas directement acheminée jusqu’à notre datacentre afin de l’alimenter », insiste Henryk. L’énergie produite est livrée à EDF : l’hébergeur vend ainsi son énergie, puis en rachète. «Nous utilisons le réseau EDF comme un transporteur d’énergie vers nos datacentres », sourit-il.

Une démarche à l’encontre du greenwashing

En devenant producteur d’énergie renouvelable, OVH prend le contre-pied d’une tendance que déplore le PDG : «Certains de nos concurrents annoncent que leurs centres de données sont verts. Or, ils n’investissent ni ne produisent leur propre électricité. » Depuis la législation européenne sur l’ouverture du marché de l’énergie, il existe en effet une véritable spéculation : tout un chacun peut acheter ou vendre de l’énergie certifiée «verte». La porte ouverte à tous les abus selon Henryk : «Nous avons reçu plusieurs offres de fournisseurs d’énergie qui nous proposaient de nous livrer de l’électricité accompagnée d’un certificat stipulant que nous consommions “durable”. Cela équivaut à acheter un morceau de papier pour se procurer une caution verte auprès de nos clients mais, finalement, rien n’est véritablement accompli pour préserver l’environnement. »

Pour l’hébergeur pourtant, s’impliquer dans la réalisation d’un champ éolien n’est pas un choix économiquement justifiéà court terme. Et l’investissement est de taille : en plus de la R&D et de la construction des huit éoliennes de son parc, OVH doit financer le raccordement des engins au réseau de transport d’électricité d’EDF, soit 14 kilomètres de câbles, à hauteur de 800 000 €. Au total, l’enveloppe de l’entreprise représente 14 millions d’euros. «EDF achète notre énergie à environ 80 € le mégawatt/heure. À ce prix, nous amortirons cet investissement d’ici 12 à 15 ans. Nous ne cherchons pas la rentabilitéà tout prix, nous souhaitons plutôt contribuer au développement d’une solution pragmatique et favorable à l’environnement», souligne le dirigeant.

Et le PDG aborde l’éventualité de se lancer dans la production d’éoliennes à grande échelle : «Le type d’aérogénérateur que nous avons mis au point revient à 700.000 ou 800.000 € pour 1 MW. Notre démarche a toujours été de proposer des infrastructures abordables, glisse-t-il. Nous attendrons encore quelques années, afin de confirmer la fiabilité de notre parc éolien et, pourquoi pas, commercialiser cette solution. »

* Créée en 2008, DDIS est une société d’ingénierie électrotechnique. OVH en est l’actionnaire majoritaire.
** Au coeur de l’éolienne, l’alternateur est la pièce qui produit l’électricité.

Article rédigé par Lorine Schieber – ovh

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